Le droit à la déconnexion, un principe difficile à gérer à l’ère du télétravail


Le télétravail a bien fait ses preuves durant ces derniers mois. En effet, la pandémie nous a fait prendre conscience qu’il est possible de travailler efficacement de chez soi tout en gardant un bon moral. D’ailleurs, 85 % des entreprises affirment que la productivité a augmenté grâce à cette forme de flexibilité. Moins de temps perdu dans les transports et plus de temps pour soi : c’est ce que le télétravail nous offre en cette période bien particulière. Mais connait-on le revers de la médaille du télétravail ?

En effet, certains télétravailleurs pourraient avoir du mal à se déconnecter. Quand espace de travail et espace privé se mélangent, la déconnexion devient difficile.

Le droit à la déconnexion, une loi qui a récemment vu le jour

Le droit de déconnexion est une loi qui été mise en place en premier lieu en France, le 1er janvier 2017. La loi consiste à régulariser l’utilisation des outils numériques liés au travail afin de respecter le temps de repos des employés, leur vie privée et leur santé mentale. Pour bien respecter cette pratique, l’employeur élabore une charte définissant les modalités du droit à la déconnexion tout en sensibilisant les travailleurs à se servir des outils numériques de façon raisonnable.

Au Québec, le sujet n’a pas encore été légiféré mais, beaucoup de chefs d’entreprise et de responsables en ressources humaines essayent d’intégrer ce concept dans leur mode de fonctionnement afin de préserver l’équilibre psychologique des employés.

Se déconnecter des outils numériques est maintenant plus indispensable que jamais

D’après un sondage qui a été mené en 2013 par la American Psychological Association afin de connaitre le comportement des travailleurs en dehors de leurs heures de travail, 53% des répondants disent vérifier leurs courriels au moins une fois durant les fins de semaine et 44% admettent regarder leurs courriels même quand ils sont en vacances. Avec le confinement qui a invité le travail à s’installer doucement dans nos espaces privés, on ne serait pas surpris que ces chiffres aient depuis augmenté.

Si beaucoup de pays et d’organisations se soucient de ces données, c’est parce que l’hyperconnectivité affecte à la fois notre santé physique et psychologique. Sur le plan physique, l’utilisation excessive des appareils numériques engendrerait des tensions au niveau des épaules et du cou ainsi que des problèmes de dos. De plus, en étant confinés, nous bougeons de moins en moins et nous passons plus de temps devant nos ordinateurs, ce qui expose encore plus à l’hyperconnectivité. En ce qui concerne la santé mentale, les troubles du sommeil et le stress seraient parmi les conséquences les plus ressenties par les employés qui ont du mal à se détacher du travail. En effet, recevoir un courriel professionnel un dimanche pourrait stresser son lecteur, voire, gâcher ses journées de congé.

Il est donc indispensable pour les chefs d’équipe de respecter la vie privée de leurs employés et de prendre en considération les tensions engendrées par ces moments de doute et de perte de contrôle, surtout en période d’isolement.

Déconnexion : des pratiques simples à mettre en place

En cette période de confinement, il est important de favoriser la communication au sein des équipes et de s’assurer que chaque employé arrive à travailler de façon équilibrée et saine pour ne pas tomber dans le piège de l’épuisement psychologique. Pour ceci, la Société Canadienne de Psychologie a récemment publié un article s’intitulant « Travailler à domicile pendant la pandémie de COVID-19, avec et sans enfants à la maison ». Cet article met en lumière une série de recommandations pour favoriser le bien-être des télétravailleurs à l’ère du coronavirus. En voici quelques exemples :

  • Aménager son espace de travail

Afin de pouvoir facilement se déconnecter pendant les heures de repos, la Société Canadienne de Psychologie recommande de séparer son espace de travail de son espace personnel. Dans le meilleur des cas, les travailleurs devraient avoir une pièce réservée à leurs activités professionnelles. Malheureusement, beaucoup de personnes n’ont pas ce privilège. Pour ceci, il suffit de consacrer un petit espace dédié au travail (salon, salle de jeu ou chambre d’invités) pour y ranger ses documents professionnels et s’y installer pour travailler.

  • Définir un plan d’action

L’une des étapes les plus importantes pour gérer son temps et son stress est la planification. Il est indispensable pour les télétravailleurs de planifier leurs horaires et de définir leurs objectifs afin de connaitre leurs limites. La Société Canadienne de Psychologie recommande également de prendre des pauses aux premiers signes de fatigue et d’écouter son corps afin d’éviter le burn-out.

  • Privilégier la communication

Que ce soit au sein de la famille ou avec ses collègues, il est important pour les télétravailleurs de bien communiquer leurs besoins et d’imposer leurs limites pour préserver leur espace de travail et leur vie privée. En effet, cela peut être très gênant d’avoir beaucoup de bruits à la maison lors d’une réunion en ligne. D’un autre côté, cela peut être perturbant de recevoir un appel professionnel pendant les moments consacrés à la vie personnelle. Il est donc essentiel que chaque responsable d’équipe mette en place un mode de fonctionnement dans le but de ne pas perturber l’intimité des employés en cette période de stress et d’incertitude. De la même façon, les employés doivent s’assurer de préserver leur environnement de travail afin de bien mener les projets qui leur sont confiés.

Ça y est, on se déconnecte ?