Coline Amblard : « Comment ma vie de maman a impacté ma recherche d'emploi »


L’arrivée d’un bébé est une formidable étape dans la vie des parents. Mais cette heureuse nouvelle peut avoir un impact insidieux sur la carrière des mamans. Beaucoup de femmes constatent qu’elles font l’objet d’une considération professionnelle différente venant de leur employeur, voire, d’une discrimination à l’emploi.

Coline Amblard, femme en affaires et présentement Directrice marketing chez GoRH, en a fait sa propre expérience : elle raconte à Flow comment son statut de jeune maman a impacté son évolution professionnelle et ceci, dès son congé maternité. « Alors que j’étais en congé maternité et que je me préparais à revenir au bureau après presque dix mois d’inactivité professionnelle, j’ai subi une abolition de poste à laquelle je ne m’attendais pas » explique-t-elle.

Il faut pourtant savoir qu’au Québec, dès qu’un employeur est informé de la grossesse d’une employée, celle-ci bénéficie d’un statut particulier afin de la protéger de tout congédiement abusif qui serait uniquement lié à sa maternité (d’après la Charte des droits et libertés de la personne). Dans les faits en revanche, de nombreux employeurs franchissent le pas sous de multiples prétextes. D’ailleurs, ces dix dernières années au Québec, le nombre de femmes ayant déposé plainte pour congédiement ou représailles liés à la grossesse a bondi de 41 % (notamment car elles sont mieux informées sur leurs droits). Et ceci ne représente certainement qu’une partie immergée de l’iceberg, comme l’explique Johanne Tellier, avocate à la CNESST dans un article de Radio Canada.

 

Le statut de mère : un frein pour la carrière ?

Après son congédiement, Coline a ainsi entamé de nouvelles recherches d’emploi, en remarquant toutefois que ses candidatures n’étaient pas accueillies comme avant : « Alors que je travaille dans un domaine qui souffre de pénurie de main d’œuvre - le marketing -, j’ai rencontré pour la première fois des difficultés à retrouver facilement un emploi. J’ai fait le choix d’être tout à fait transparente sur ma situation de maman auprès des employeurs et j’ai perçu une réelle réticence : de nombreuses entreprises ne m’ont pas rappelée et se sont montrées frileuses du fait de ma parentalité ». « Cela a pris un certain temps et sans le soutien de mon conjoint, je n’aurais certainement pas pu me le permettre » exprime-t-elle.

Comme elle, 40 % des jeunes mamans inactives estiment également avoir été discriminées lors de leur recherche d’emploi et de leur embauche du fait de leur maternité. Plus alarmant encore, près d’une femme sur deux (43 %) considère que cette discrimination n’est pas une réalité rare et isolée, mais bel et bien un phénomène ressenti de façon continue lié à leur statut de mère.

 

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Les mamans en quête de solutions

Alors, comment font les jeunes mamans pour lutter contre les effets insidieux de la maternité sur leur carrière ? Pour la majorité d’entre elles, elles décident de changer d’employeur, à défaut de bénéficier d’une bonne compréhension de leur direction. À l’inverse, seules 2 % des professionnelles mamans déclarent avoir réussi à trouver une solution en interne avec leur employeur, notamment en faisant appel aux représentants du personnel et par le biais de négociations.

Pour Coline, être confrontée à cette réalité a marqué le début d’une conviction : « La conciliation de ma nouvelle vie de famille et de mon travail étant devenue ma priorité, j’ai réalisé que je souhaitais désormais travailler avec une organisation respectueuse de cette valeur ». Et heureusement, elle a trouvé son bonheur : « J’ai ainsi eu la chance d’être contactée par une entreprise dont l’ADN est justement la flexibilité. Quoi qu'il se passe (allô l'épidémie de bronchiolite chez les bébés!), je peux amorcer mes journées plus sereinement en sachant que je peux organiser mon temps librement ».

Aujourd’hui, réjouie de bénéficier d’une flexibilité au travail précieuse pour son mieux-être et sa conciliation, Coline Amblard a tiré un enseignement important de son expérience : 

« J’ai constaté à quel point le congé parental et le retour au travail qui s'en suit sont souvent une période de grande vulnérabilité, de changements profonds et de fatigue pour les nouveaux parents. Il serait grandement bénéfique que les employeurs mettent en place un vrai programme d'accompagnement pour ce retour et ainsi fidéliser les talents ».

Pour l’heure, rien n’est prévu en ce sens dans la loi mais… à bon entendeur !

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