COVID-19, télétravail et environnement


Durant le premier confinement, au printemps dernier, je me souviens d’avoir aperçu un grand héron voler tout près de ma fenêtre. J’étais ébahie. J’habite sur Mont-Royal Est, au beau milieu de tous ces commerces achalandés. Je n’avais jamais vu d’oiseau de la sorte ici, que des pigeons, des mouettes et des moineaux. Et dans les journaux, on rapportait des surprises semblables un peu partout dans le monde. À plusieurs endroits autour du globe, dans les grandes villes, des citadins apercevaient des chèvres, des chevreuils ou même des léopards par la fenêtre. On avait l’impression que la nature reprenait enfin ses droits. Et on a été nombreux, je crois, à se dire que c’était peut-être le moment de pause dont la planète avait tant besoin. Mais près d’un an plus tard, la COVID-19 a-t-elle réellement eu un impact positif sur l’environnement?

Le transport, ce grand coupable

Les transports, tous modes confondus, sont responsables de 23 % des émissions de carbone sur la planète.

Ce n’est pas rien. Et si la pandémie a changé une chose majeure dans nos vies, c’est bien ça : notre façon de nous déplacer. Du télétravail imposé à la fermeture des frontières internationales qui nous ont empêchés de voyager, en 2020, nous avons été plus immobiles que jamais dans les dernières années. Et la qualité de l’air dans les villes a prouvé que cela avait un effet concret.

Le télétravail a certes été un grand bouleversement de l’année 2020 pour plusieurs industries, mais les employés autant que les employeurs ont fait preuve d’adaptabilité. Ce qui nous paraissait jadis peu probable dans de nombreuses professions est aujourd’hui la norme.

Quant à l’avion, beaucoup de cadres supérieurs qui en abusaient ont appris à se servir des outils de téléconférence. Ce n’est pas qu’un gain pour l’environnement : c’est aussi un gain majeur de temps et d’argent.

Si la tendance se maintient 

Une augmentation significative du nombre de télétravailleurs devrait être vue au-delà de la pandémie.

Aux États-Unis, certains experts croient que le pourcentage de travailleurs qui accomplissent leur métier de chez eux pourrait vraisemblablement passer de 3,6 % prépandémie à environ 25 à 30 % dans un futur proche.

Ce qui n’annonce que de bonnes choses pour la réduction des gaz à effet de serre émis par les voitures. Après tout, notre mode de vie n’est-il pas un peu cinglé, quand on y pense? Au nombre de personnes qui prennent leur automobile chaque jour pour se rendre au bureau, et qui en plus de brûler de l’essence, perdent un temps fou et une énergie précieuse à se battre contre le trafic, il était peut-être temps qu’on reconsidère la possibilité d’un bureau qui ne se trouve qu’à deux pas de son salon.

Un vent de changement

Notre réaction au coronavirus a prouvé l’erreur de ceux qui croyaient que les changements drastiques et rapides réclamés par les environnementalistes étaient irréalistes. Nous sommes capables de transformer nos modes de vie. Mais ce qu’il faut aussi réaliser, c’est qu’on n’agit que lorsqu’on est confrontés à un danger immédiat. Donc, encore faut-il que les gens se mettent à considérer le réchauffement climatique comme une menace imminente.

Grâce à la recherche en sciences sociales, nous savons toutefois que les interventions sont plus efficaces si elles ont lieu dans des périodes de grands changements. Et comme cette crise est probablement le plus important bouleversement de notre époque, c’est sans doute le bon moment pour les gouvernements de nous balancer des nouvelles obligations liées à l’atteinte des objectifs climatiques. Après avoir été confinés pendant la majeure partie d’une année, je crois qu’on est maintenant prêts à plus pour assurer notre pérennité. Qu’on est mûrs pour se créer une planète qui pourra encore accueillir nos enfants dans quelques années.