Faire de sa vulnérabilité une force au travail


Avez-vous souvent dit au travail quand ça n’allait pas ? S’il vous est arrivé de rencontrer des difficultés, de vivre une période difficile, ou même si vous avez eu le sentiment que certaines failles personnelles, certains aspects de votre personnalité vous fragilisaient, en avez-vous parlé au travail ? Et pourtant, cela nous arrive à tous. Pour preuve, 1 Canadien sur 5 est confronté à un problème de santé mentale, d’après l’Association canadienne pour la santé mentale. Cette vulnérabilité peut venir de situations très différentes, d’ordre personnel (des souffrances psychologiques, des maladies, une situation de monoparentalité, d’aidant familial, des difficultés financières) mais aussi d’ordre professionnel (une maladie professionnelle, un accident de travail, des conditions éprouvantes sur le plan physique ou psychologique, des difficultés de conciliation, perte de sens, épuisement…).  

Bien que cela nous paraisse parfaitement humain, montrer que l’on se sent vulnérable n’a rien d’évident. Surtout au travail.

Durant des décennies, le monde professionnel s’est construit avec l’idée que leaders et employé.es devaient maintenir une distance cordiale, voire froide, pour ne pas s’exposer émotionnellement. On a même longtemps pensé qu’un.e bon.ne leader était une personne toujours droite et forte, presque intraitable et sévère avec ses équipes, dégageant une forte autorité, quitte à s’isoler des autres. Et pourtant…  

La transformation que vit présentement le monde du travail tend à dépoussiérer ce vieux modèle de leadership et à «  humaniser  » de nouveau nos relations, nos échanges au travail. La pandémie nous aura à tous enseigné une belle leçon de vulnérabilité.  

#FemmesFortes

Se montrer vulnérable, ce n’est pas être faible. C’est avoir le courage d’être soi-même. 

 Comme l’écrit brillamment Emma Seppälä, Directrice scientifique du Center for Compassion and Altruism Research, dans un article publié par la Harvard Business Review, il est temps de faire l’éloge de la vulnérabilité au travail car elle est pleine de bienfaits ! Commençons par un rappel utile :

« Vulnérable ne veut pas dire être faible ou soumis. Cela implique le courage d’être soi-même. Cela signifie remplacer «  distance et froideur professionnelles  » par des incertitudes, des risques et une exposition émotionnelle  ».

Or, la vulnérabilité et l’authenticité sont justement à la base des rapports humains, explique Brené Brown, chercheuse en sciences humaines et sociales à l’université de Houston, spécialiste de la vulnérabilité. 

 Aujourd’hui, et depuis la pandémie, leaders et employé.es ont ainsi progressivement fait tomber leur armure pour mieux communiquer autour de leur ressenti et de leurs difficultés. Ce qu’il en ressort, c’est un monde professionnel plus humain, prêt à composer de façon plus réaliste et compréhensive avec les forces et faiblesses de chacun. Finie la façade impersonnelle, on s’autorise progressivement à dire quand ça va bien et quand ça va mal au travail. Ce qui en ressort ? De plus grands liens d’authenticité et de confiance entre les collaborateurs.trices. 

 

Un éloge de la vulnérabilité pour les femmes et pour les hommes aussi ! 

 Bien entendu, cet éloge de la vulnérabilité ne doit pas seulement raisonner chez les femmes. Dans l’inconscient collectif, on imagine encore que ce sont elles les plus fragiles au travail comme dans la vie : fragiles de par leur supposée nature «  plus douce  », «  plus sensible  », «  plus émotive  ». Et pourtant, nous aurions tort de penser que les hommes ne souffrent pas également de stress, d’anxiété et de certaines fragilités personnelles.  

Il est donc temps de casser l’image du professionnel modèle et d’adopter un style de relations plus authentique pour créer des environnements de travail axés sur l’ouverture, l’honnêteté et la bienveillance.

Il est vrai que cela implique d’avoir des conversations courageuses pour partager ce qui ne va pas, mais en passant ce cap, on augmente ainsi les chances de recréer la confiance, de favoriser des comportements plus positifs de compréhension mutuelle, de soutien. 

Et cela améliore le mieux-être de chacun ! Ainsi, en adoptant des positions sincères sur ce que l’on ressent en bien ou mal, on rappelle à chacun que l’on est un être humain et on favorise une proximité saine au travail.  

 C’est aussi ça la flexibilité, accepter sa propre vulnérabilité et celle des autres pour en faire un moteur de confiance et d’engagement ! 

 

 Découvrez notre dossier consacré aux Femmes Fortes en intégralité

Nos recommandations :

– «  Le pouvoir de la vulnérabilité  » de Brené Brown – à lire ou à visionner en vidéo TedX 

« Vulnérabilités au travail » de Claude Veil, pionnier de la défense de la santé des travailleurs en France