Flow d'idées : Déborah Levy, Rédactrice en chef de Premières en affaires


Aujourd’hui, l’équipe de rédaction va à la rencontre de Déborah Levy, rédactrice en chef du magazine féminin, Première en affaires.

Dans cet interview, Déborah nous donne des pistes de réflexion sur le leadership empathique, indispensable en cette période de crise, et partage ses conseils pour prendre soin de soi en tant que leader d’entreprise.

 

1- Que souhaitez-vous pour le futur du travail dans votre domaine d’activité?

Je trouve que les employeurs et les donneurs de contrats doivent être plus bienveillants. Ils doivent laisser place à l’équilibre travail-famille et, plus globalement, travail-vie personnelle. Il faut prendre en considération la personne avec laquelle on collabore : ses qualités et ses faiblesses, ses fragilités et ses forces et ses habiletés personnelles de façon générale.

Je souhaiterais aussi que le monde du travail soit moins axé sur la performance. J’ai déjà été dans un poste où je me suis beaucoup donnée en dépassant de loin les limites et puis hop on se brûle!

J’aurais préféré que mon employeur me dise de ralentir et de prendre du recul. Parce que c’est justement ainsi qu’on avance et qu’on s’améliore. Alors, j’aimerais qu’il y ait moins de pression liée à la performance. Cette pression fait du mal à nous-même et à notre environnement.

 

2- Selon vous, de quoi sera constitué le centre-ville de Montréal après 2021? Quelles sont vos idées pour un centre-ville différent?

Sans hésiter, je dirais : plus d’authenticité et de flexibilité dans notre façon de consommer!

J’espère que les prix de location seront moins chers pour permettre aux petits commerces et aux artisans locaux de s’y installer. Au lieu de faire ses achats chez de grandes enseignes internationales, nous pourrions les faire chez de petits entrepreneurs et des designers québécois qui produisent à petite échelle et choisissent leurs produits avec soin.

L’aspect humain sera donc mis en avant, ce qui rendra les échanges plus personnalisés.

 

3- Comment vivez-vous le télétravail au sein de votre entreprise?

Nous avons toujours été en télétravail, toutefois je constate qu’avec la crise, les gens sont plus isolés. Je pense surtout aux célibataires qui n’ont pas d’enfants et qui vivent seuls. Je sens le besoin de me connecter à eux.

De façon générale, pour assurer une bonne communication avec mes collègues, j’ai mis en place les habitudes suivantes :

  • Appeler les membres de mon équipe pour prendre de leurs nouvelles.
  • Les réunions en mode walk and talk pour s’aérer l’esprit.
  • Envoyer des cadeaux aux employés comme une boite de chocolats par exemple.
  • On essaye de se réunir en présentiel de façon régulière tout en respectant les mesures sanitaires. 

 

4- Quels sont, selon vous, les impacts de la pandémie sur le style de leadership d’aujourd’hui (et de demain)?

On a justement fait une entrevue à ce sujet avec le groupe Brio conseils la semaine dernière et Caroline Ménard, présidente de l’enseigne, nous a partagé des constatations très intéressantes que je tiens à vous partager. Elle dit que les leaders vont devoir apprendre à être moins dans le micromanagement et à donner plus de responsabilités et moins de tâches aux employés. Ceci passe avant tout par une relation de confiance et un mode de gestion flexible.

 

5- Sur quelles pistes pourriez-vous orienter des gestionnaires qui se sentent démunis dans cette nouvelle réalité?

Ce n’est certainement pas facile, mais il y a toujours des solutions à mettre en place par soi-même pour s’outiller en cette période d’incertitude, comme :

  • Se faire conseiller en s’entourant d’experts : il y a des cabinets spécialement dédiés au coaching des leaders d’entreprise. Il ne faut pas hésiter à faire appel à eux.
  • Aller vers les autres et oser se confier à des collègues ou à des partenaires : parfois, nous faisons face à des difficultés et nous pensons être les seuls à les vivre. Cependant, il suffit d’en parler au tour de soi pour se rendre compte que d’autres personnes vivent la même situation.
  • Prendre le temps d’appeler ses proches : appeler sa famille et ses amis nous donne de nouvelles perspectives et nous permet de nous inspirer de leurs parcours pour résoudre des enjeux.
  • Prendre des pauses, prendre soin de soi, sortir marcher, passer du temps en famille, etc.
  • Respecter ses limites et se déconnecter des outils de travail à des heures précises.

 

6- Selon vous, est-ce que la pandémie aura des effets positifs ou négatifs sur la carrière des femmes?

Je dirais qu’on a vu beaucoup d’études là-dessus et c’est difficile de généraliser les conclusions. Tout dépend du secteur d’activité et d’autres paramètres.

En revanche, même si le Québec est très en avance par rapport à la parité, la culture des hommes y est quand même un peu plus évoluée. Aujourd’hui, bien que les femmes qui habitent au Québec travaillent, la répartition des tâches ménagères et familiales demeure tout de même inégale au sein des foyers. Avec la pandémie, les pères sont obligés eux aussi de rester à la maison et j’imagine que ça a changé les choses!

 

7- En tant que gestionnaire, quels conseils donneriez-vous aux femmes qui souhaitent développer leur carrière, mais devront jouer leurs cartes « à distance » au moins durant la prochaine année?

J’aurais 2 conseils à partager qui peuvent paraître contradictoires, mais qui sont finalement complémentaires :

Oser se dépasser et se donner à 100% pour aller au bout de ses ambitions : c’est la meilleure manière d’apprendre, de grandir et d’évoluer. Même si cela peut s’accompagner de blessures et d’échecs, ça vaut le détour!  Le Québec est une société super accueillante qui nous offre les moyens de réaliser nos projets! Alors, osez!

Définir ses limites et prioriser sa santé physique et mentale : il faut prendre soin de soi, bien dormir, prendre des pauses, voyager et profiter de la vie de façon générale.