Suivre son conjoint, sommes-nous vraiment égaux ?


Il y a dix ans déjà, en novembre 2011, Sheryl Sandberg, femme d’affaires numéro deux de Facebook mais aussi militante féministe, adressait cette remarque aux femmes : « Le plus grand choix de carrière que vous ferez, c’est la personne que vous épouserez ». À bien y penser, cette déclaration pourrait se révéler très juste. Et peut-être encore plus si l’on est une femme. 

 En effet, peut-être avez-vous dans votre entourage et dans vos connaissances, des exemples de femmes qui ont suivi leur conjoint, dans une autre ville du pays ou à l’étranger, pour des raisons professionnelles. Mais combien d’hommes suivent leur conjointe ? Les chiffres sont très instructifs :  90 % des conjoints suiveurs expatriés sont des femmes

L’occasion de se demander pourquoi un tel écart existe, mais aussi de réfléchir sur le fait que cette situation n’est en rien une fatalité. À chacune et chacun de choisir de faire sa propre conciliation pour trouver son juste équilibre. 

 

Pourquoi c’est encore souvent madame qui suit 

 L’expatriation n’est pas encore synonyme de parité, loin de là. Dans une immense majorité, c’est encore la carrière de l’homme qui est à l’origine de la mobilité du couple. Pour Camille Rochet, psychologue et thérapeute de couple, cela s’explique avant tout par des raisons économiques. En effet, force est de constater que si les inégalités salariales tendent à se réduire entre hommes et femmes, elles persistent au Canada : elles étaient de 18,8 % en faveur des hommes en 1998 et sont toujours de 13,3 % en 2018 (chiffres de Statistiques Canada). Ainsi, c’est très majoritairement celui qui a le salaire potentiellement le plus élevé qui déclenche le changement et les femmes mettent généralement en suspens leur vie professionnelle au profit de leur conjoint. 

 C’est aussi une réalité que décrit Nina Hobson, expatriée britannique et auteure du blogue The Expater. « Le plus dur dans le fait d’être femme d’expat, c’est qu’il faut être réaliste sur les considérations financières. Du coup, si mon mari se voit offrir un job mieux payé, bien sûr que nous l’accepterons. Notre priorité, c’est d’assurer un avenir à nos enfants ». De nombreuses femmes partagent ainsi le sentiment de « sacrifier » leur carrière professionnelle et de devenir le « soutien logistique » du foyer. Si la situation est subie et/ou mal vécue, cela peut entraîner un sentiment de dévalorisation de soi et impacter l’estime du conjoint suiveur. Il faut aussi tenir compte du fait que si elle ou il travaille, il arrive aussi que le conjoint suiveur trouve un nouvel emploi inférieur à ses attentes en termes de qualification ou de rémunération. Dans ce cas aussi, cela peut être vécu comme une rétrogradation. 

 

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Ne pas faire de « sacrifice », booster ses opportunités et sa flexibilité ! 

 Heureusement, tout n’est pas noir et au-delà des statistiques et des considérations économiques, l’expatriation conjugale version 21e siècle évolue progressivement. Aujourd’hui et plus qu’avant, elle est davantage un changement de vie conjointement choisi par les deux partenaires. Nombreuses sont les femmes qui décident de faire de la mutation de leur conjoint un tremplin bénéfique et épanouissant, que ce soit d’un point de vue personnel comme professionnel.  

D’une part, il est tout à fait possible de choisir de prendre ce temps pour soi-même, pour se recentrer sur sa forme, sa santé, ses passions, ou si l’on est parent, pour s’accorder plus de temps avec les enfants. Et cela, sans culpabiliser ! D’autre part, on peut aussi choisir de faire de cette aventure une nouvelle opportunité professionnelle : créer et développer son réseau dans une autre ville ou un pays étranger, suivre des formations pour acquérir ou développer ses compétences, se réinventer professionnellement, ou même poursuivre sa job à distance ! 

Pour que cela fonctionne, cela implique une belle flexibilité, du côté des employeurs et des travailleurs.euses. 

Avec la pandémie, de nombreux leaders et leurs équipes ont ainsi appris à collaborer à distance en mettant en place les bons outils avec une dynamique de communication efficace. Une belle preuve que suivre son conjoint ne veut pas forcément dire quitter sa job, mais peut aussi être une occasion de se réinventer et de poursuivre ses ambitions de carrière !

 

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